Surveillance épidémiologique des infections à virus West-Nile

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Le virus West-Nile (VWN) se transmet à l’homme par un moustique du genre Culex auparavant infecté en piquant un oiseau malade. Chez l'homme, les infections à VWN sont asymptomatiques dans 80% des cas, et lorsqu’elles sont symptomatiques elles s’expriment le plus souvent par un syndrome pseudo grippal. Dans de rares cas (<1%), il y a des manifestations neuro-méningées, parfois létales.

Modes de transmission du virus West-Nile (VWN)

Le VWN est un virus qui se transmet accidentellement aux hommes et aux chevaux par l’intermédiaire de moustiques du genre Culex, le réservoir naturel étant constitué par les oiseaux et les moustiques. Il n’y a pas de transmission interhumaine, ni de transmission du virus d’homme à homme via le moustique.

En dehors de la transmission vectorielle, la transmission est possible par transfusion sanguine et par transplantation de greffons.

Cycle de transmission West-Nile

Cycle de transmission du virus West-Nile

Circulation du VWN en France

Le VWN est endémique sur tous les continents (sauf l'antarctique). Depuis 2010, on note une augmentation du nombre d’infections neuroinvasives et une extension géographique en Europe et sur le bassin méditerranéen. Aujourd’hui, le VWN est endémique dans plusieurs pays d’Europe. Sa présence est particulièrement marquée dans les pays d’Europe du Sud.

En France, les premiers cas humains et équins ont été diagnostiqués au début des années 1960. Plusieurs épisodes de  circulation du VWN ont été décrits entre 2000 et 2023, en particulier dans les départements méditerranéens du Sud de la France :

  • 2000 : 76 cas équins en Camargue, quelques cas humains
  • 2001-02 : faible circulation identifiée chez les oiseaux et les chevaux en Camargue
  • 2003 : 7 cas humains et 4 cas équins dans le Var
  • 2004 : 32 cas équins et 13 séroconversions aviaires en Camargue
  • 2006 : 5 cas équins dans les Pyrénées-Orientales
  • 2015 : 49 cas équins (grande Camargue + Hérault) et 1 cas humain dans le Gard
  • 2017 : 2 cas humains et 1 cas équin dans les Alpes-Maritimes
  • 2018 : 27 cas humains, 13 chevaux et 4 oiseaux infectés ; circulation du virus dans 3 régions pendant 5 mois mais principalement dans les Alpes-Maritimes
  • 2019 : 2 cas humains (Var) et 13 chevaux infectés (9 dans les Bouches-du-Rhône, 2 dans le Gard et 2 en Haute-Corse)
  • 2020 : 4 cas équins (3 en Corse du Sud et 1 en Haute-Corse)
  • 2021 : 3 cas équins (2 en Corse du Sud et un dans le Var)
  • 2022 : 6 cas humains (2 dans les Bouches-du-Rhône, 4 dans le Var) et 9 cas équins (4 dans le Var, 3 en Gironde et 2 en Haute-Corse)
  • 2023 : 8 cas humains (3 dans les Bouches-du-Rhône, 2 dans le Var et 3 personnes dans les Alpes Maritimes)

Avec l'intensification de la circulation du virus en Europe, et l'évolution de la situation épidémiologique en France, il apparaît essentiel de maintenir une vigilance forte.

Surveillance épidémiologique des infections à VWN

La surveillance des infections à VWN est une surveillance pluridisciplinaire comprenant un volet humain, un volet équin, un volet aviaire et un volet entomologique. 

L'objectif est de repérer précocement la circulation du VWN afin de mettre en place rapidement des mesures de prévention et de protection des personnes, principalement la sécurisation des dons de sang et des greffons.

Si l'ensemble du territoire métropolitain est concerné, certains départements sont considérés comme plus à risque :

  • pour Paca, les Alpes-Maritimes (06), les Bouches-du-Rhône (13), le Var (83) et le Vaucluse (84) ;
  • pour Occitanie, l'Aude (11), le Gard (30), l'Hérault (34) et les Pyrénées-Orientales (66) ; 
  • pour la Corse, la Corse du Sud (2A) et la Haute-Corse (2B) ;
  • pour la Nouvelle-Aquitaine, la Charente (16), la Charente-Maritime (17), la Dordogne (24), la Gironde (33), le Lot-et-Garonne (47) et la Haute-Vienne (87).

La période de surveillance est comprise entre le 1er mai et le 30 novembre.

La surveillance humaine repose sur des dispositifs complémentaires :

  • la surveillance du CNR des arbovirus : test du VWN pour les demandes ciblées et les prélèvements reçus dans le cadre de la surveillance renforcée chikungunya, dengue, zika ;
  • la surveillance hospitalière saisonnière des infections neuroinvasives à VWN ;
  • l'identification dans les résultats d'analyses réalisées par les plateformes Biomnis et Cerba permettant quelques fois de rattraper des cas non signalés par les professionnels de santé.

La surveillance animale comprend :

  • la surveillance clinique nationale des équidés (encéphalites équines) ;
  • la surveillance syndromique nationale des équidés (RESPE) : signes neurologiques et syndrome piro-like ;
  • la surveillance des mortalités d'oiseaux sauvages (réseau SAGIR) dans les départements précédemment cités, auxquels s’ajoutent les départements des Alpes-de-Haute-Provence (04), Ardèche (07), Drôme (26), Bas-Rhin (67) ;
  • il n'y a pas de surveillance entomologique spécifique en dehors d’une circulation virale établie.

Surveillance hospitalière des infections neuroinvasives à VWN

L'objectif général de la surveillance hospitalière des infections neuroinvasives à VWN est d'identifier les formes méningées ou encéphaliques, qui témoigneraient d'une circulation virale importante dans la population, et de participer à l'identification des zones de circulation du VWN.

La surveillance consiste en un signalement des cas suspects d’infection à VWN, dont la définition épidémiologique est la suivante :

  • adulte (>= 15 ans)
  • hospitalisé dans un des départements ci-dessus pendant la période de surveillance,
  • avec LCS  clair  (non  purulent)  prélevé  en  raison  d’un  état  fébrile  (fièvre  ≥ 38,5°C) associé à des manifestations neurologiques de type encéphalite, méningite, polyradiculonévrite ou paralysie flasque aiguë sans étiologie identifiée.

En cas de détection d’un cas suspect, les prélèvements biologiques (LCS, sang total sur EDTA) seront expédiés, au moins une fois par semaine, selon la réglementation en vigueur, avec la fiche de renseignements du CNR des arbovirus de Marseille, à l’adresse du laboratoire du CNR avec l’étiquette de transmission. Toutes ces informations sont disponibles sur le site du CNR : http://www.cnr-arbovirus.fr/www/.

En cas de résultat biologique positif, le CNR informera sans délai l’Agence régionale de santé (ARS) et Santé publique France.

Infographie surveillance formes neuroinvasives VWN