Vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) : des progrès, mais encore de fortes inégalités sociales

Article

Une étude de l’Observatoire régional de la santé PACA et de Santé publique France.

Depuis la fin des années 2000, plusieurs grandes épidémies de rougeole ont touché l’Europe, y compris la France. Pour mieux protéger la population, les autorités françaises ont décidé, en 2018, de rendre obligatoires 11 vaccins pour les enfants entrant en crèche ou à l’école, contre seulement 3 auparavant. Le vaccin ROR (contre la rougeole, les oreillons et la rubéole) fait partie de ces vaccins désormais obligatoires.

L’un des objectifs de cette décision était d’atteindre un taux de couverture vaccinale (c’est-à-dire la proportion d’enfants vaccinés) de 95 % pour les deux doses de vaccin ROR, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Etude de l’Observatoire régional de la santé PACA et de Santé publique France.

Cette nouvelle étude, menée par l’ORS PACA avec Santé publique France, s’est intéressée à deux questions précises :

  1. Est-ce que ces obligations ont permis de réduire les retards de vaccination ?
  2. Ont-elles aussi permis de réduire les inégalités sociales d’accès à la vaccination ?

À partir du Système National de Données de Santé (SNDS), trois générations d’enfants (2015, 2017, 2019), soit 2,1 millions au total, ont été suivies sur 48 mois pour observer l’évolution des délais de vaccination ROR, avant et après l’extension des obligations vaccinales infantiles en janvier 2018 — environ 90% d’entre eux, ceux vaccinés hors PMI, ont été retenus pour analyse. 

Ce que montre l’étude

Une amélioration globale de la vaccination

Entre 2015 et 2019, la part des enfants vaccinés a augmenté :

  • Pour la 1re dose de ROR : de 94,6 % à 96,4 %
  • Pour la 2e dose : de 83,9 % à 87,1 %
  • La part des enfants en retard pour au moins une dose est passée de 45,4 % à 32,5 %
  • Le retard moyen a baissé d’un peu plus d’un mois
  • Mais le délai moyen de vaccination pour les deux doses de ROR est encore de 7 mois dans la cohorte de 2019 pour les personnes en retard 

Mais de fortes inégalités sociales persistent

Les enfants de familles modestes sont :

  • Moins souvent vaccinés (jusqu’à 15 points d’écart à 2 ans)
  • Vaccinés plus tard (en moyenne un mois de retard supplémentaire)

Et les retards de vaccination ont diminué :

Ces différences augmentent le risque de nouvelles épidémies dans les quartiers les plus défavorisés, où la couverture vaccinale reste insuffisante pour garantir une protection collective.

De plus, les services de protection maternelle et infantile (PMI), qui jouent un rôle important pour vacciner les enfants les plus vulnérables, ont de moins en moins de moyens pour remplir cette mission.

En conclusion :

Même si la généralisation des obligations vaccinales a permis d’augmenter la couverture et de réduire les retards, elle ne suffit pas à corriger les inégalités sociales. Pour améliorer la situation, des actions ciblées sont nécessaires : accès facilité aux soins, lutte contre l’hésitation vaccinale, soutien renforcé aux familles en difficulté.

Cette étude a été financée par l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur et par l’Agence Nationale de Recherche sur le SIDA et les hépatites virales|maladies infectieuses émergentes (ANRS|MIE) dans le cadre du projet “ICOVAC-France: Impact du COVID-19 sur la vaccination en France”. Elle a été publiée dans la revue scientifique Eurosurveillance le 24 avril 2025, et peut être consultée ici :
https://www.eurosurveillance.org/content/10.2807/1560-7917.ES.2025.30.16.2400674