Optimiser l’évacuation des DASRI

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déchets poubelle

Les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) doivent être éliminés dans des filières spécifiques, afin de limiter les risques qu’ils peuvent présenter, notamment les accidents d’exposition aux virus ou au sang.

En 2021, l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur a mobilisé toute la filière pour trouver des solutions, suite à une avarie importante sur le site de Toulon. Décryptage avec Karine Hadji, chargée de mission DASRI.

« 16 000 tonnes de DASRI ont été éliminées en 2021 contre 14 000 tonnes en 2019. Dès 2020, une augmentation de 1 000 tonnes de DASRI incinérées en PACA avait été observée avec la survenue de la crise sanitaire Covid-19 essentiellement en raison de l’augmentation de l’activité des établissements de soins, de la gestion des très nombreux clusters en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), et de la très forte activité de dépistage par la médecine de ville (professionnels libéraux et pharmaciens). Cette augmentation s’est poursuivie en 2021, avec la poursuite de crise sanitaire et la mise en place de plus de 200 centres de vaccination.

En parallèle, nous avons été confrontés à un manque de capacité des centres d’incinération. Les DARSI requièrent des lignes automatisées, pour éviter toute manutention. Par ailleurs, ils doivent être incinérés avec au maximum 80 % d’ordures ménagères, afin que le taux d’humidité soit limité et qu’une bonne combustion soit assurée. Six lignes d’incinération étaient donc utilisées pour éliminer les DASRI : deux à Nice, dans les Alpes-Maritimes, deux à Vedène, dans le Vaucluse et deux à Toulon, dans le Var. En 2021, une grosse avarie a entraîné la perte des deux lignes toulonnaises. Une situation très problématique, d’autant que les DASRI ne peuvent pas être stockés plus de 24 à 72 heures.

L’ARS a organisé un groupe de travail réunissant chaque mois tous les acteurs de la filière élimination des DASRI, industriels, collecteurs, ainsi que la DREAL. Tout le monde a joué le jeu, proposé des solutions. Les installations de Nice et de Vedène ont été très sollicitées, afin d’absorber à la fois la surproduction de DASRI générée par la crise sanitaire Covid-19 et les détournements de chargements de DASRI habituellement traités à Toulon. Cette tension s’est traduite par la mise en place de nouvelles équipes pour assurer le fonctionnement des centres le week-end et/ou de nuit, l’atteinte des capacités maximales de traitement sur des durées longues, une réduction des maintenances et l’expédition de DASRI dans d’autres régions, notamment l’Occitanie.

Cette situation de crise a aussi permis de pointer la précarité de la filière régionale de traitement des DASRI dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, liée notamment à la vétusté des installations. Il nous semble nécessaire d’ouvrir de nouveaux centres de traitement et d’évacuation, dont un idéalement à Fos-sur-Mer. Les Bouches-du-Rhône ne comptent en effet aucun centre de traitement des DASRI alors qu’il s’agit du plus gros producteur de déchets infectieux de la région. Des réflexions sont aussi ouvertes sur la réduction des flux de déchets produits dans les établissements de santé, notamment par des matériels « à usage unique ». Dans un contexte environnemental complexe, il semble pertinent de ne pas multiplier à l’infini le matériel jetable, tel que les draps jetables, qui génère un gros volume de déchets et dont le coût de transport pour l’élimination est élevé. Affaire à suivre. »  

Article de Solène Penhoat