Lutter contre la stigmatisation et les violences envers les personnes vivant avec un problème de santé mentale

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Les personnes vivant avec des troubles en santé mentale sont souvent victimes de préjugés. Les idées reçues les plus répandues sont centrées sur la croyance que ces personnes seraient dangereuses et leur maladie incurable. Cette représentation sociale négative est un frein au rétablissement et à l’inclusion de ces personnes dans la société.

C’est pourquoi l’ARS Paca met en place des actions de lutte contre la stigmatisation, afin de changer le regard sur la santé mentale.

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Qu’est-ce que la stigmatisation en santé mentale ?

Les représentations sociales autour des personnes atteintes de troubles psychiques sont fortement ancrées dans notre société. Elles véhiculent des préjugés négatifs : l’association des troubles à la violence et à la dangerosité, l’incapacité des personnes à se comporter conformément à la société, etc.

La maladie psychiatrique fait peur et crée un sentiment de honte chez les personnes qui en sont atteinte et sur leur entourage. Cette perception négative a des conséquences néfastes sur les malades.

Pourtant l’ensemble de la population peut être atteinte de troubles psychiques au cours de sa vie.

Les conséquences sur les personnes atteintes de troubles en santé mentale

La stigmatisation retarde l’accès à des soins, impacte l’estime de soi, réduit l’accès au logement, à l’emploi, aux loisirs et altère les relations sociales. Les personnes qui rencontrent la psychiatrie intériorisent elles-mêmes ces préjugés négatifs et s’enferment dans un cercle d’auto-stigmatisation.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 35 à 50 % des patients atteints de troubles mentaux sévères ne bénéficient d’aucun traitement.

  • 70 à 80% des personnes avec des troubles psychiatriques graves n’ont pas accès à l’emploi ;
  • elles ont 11 à 13 fois plus de chances d’être victime de violences physiques ;
  • 30% des sans-abris ont des troubles psychiatriques graves ; les troubles psychiatriques augmentent les chances de pauvreté ;

C’est pourquoi agir contre la stigmatisation est un réel enjeu de santé publique.

Les soins sous contraintes

Les privations de liberté et l’isolement sont des pratiques courantes lors des hospitalisations sans consentement en psychiatrie et sont dénoncées par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté.

Contrairement aux idées reçues et aux pratiques habituelles, l’hospitalisation de patients en détresse dans une unité psychiatrique n’est pas toujours la réponse adaptée. Elle est parfois un facteur aggravant qui peut générer davantage de trauma et créer un sentiment de peur du système de soin et un refus d’être pris en charge.

De plus, le recours à l’hospitalisation sous contrainte est aujourd’hui considéré comme facteur de stigmatisation, puisqu’il part du postulat que les personnes atteintes de troubles sont dangereuses et les privent de leur liberté.

Des actions concrètes pour changer de regard sur la santé mentale

Il existe un ensemble de pratiques qui permet de déconstruire les stéréotypes ancrés dans la société et chez les individus. Cela passe notamment par :

  • l’information des citoyens et des acteurs de santé sur la santé mentale, qui permet de déconstruire les mythes et les représentations sociales ;
  • l’adaptation du système de soins en psychiatrie en faveur du respect des droits fondamentaux des personnes : le consentement au soin, le choix des traitements…;
  • l’implication des personnes concernées par un problème de santé mentale pour défendre leurs droits et favoriser le développement d’une offre de soins basée sur les concepts de rétablissement et l’inclusion dans la société.

Développer des alternatives à l’hospitalisation et réduire le recours aux soins sans consentement

ULICE (Unité locale d’intervention de crise et d’évaluation)

Depuis 2010, le pôle universitaire de psychiatrie de l’AP-HM a développé un accompagnement  aux situations de crise à domicile pour soutenir les personnes de façon intensive et éviter les hospitalisations. Une équipe mobile composée d’un médecin, d’un infirmier et d’un travailleur pair se rend chez la personne à sa demande et/ou celle de ses proches. L’objectif est de trouver des solutions adaptées en concertation avec les familles et si possible de proposer une alternative à l’hospitalisation. En savoir plus

Un lieu de répit pour les personnes en situation de crise « psychotique »

Le lieu de répit offre aux personnes en situation de crise « psychotique » et ne pouvant rentrer chez elle un accueil et une alternative à l’hospitalisation. Le lieu de répit de Marseille est en partenariat étroit avec  les urgences psychiatriques de l’AP-HM (Timone) et de l’hôpital Edouard Toulouse (Nord) En savoir plus

En 2018, le Comité national de la psychiatrie a validé un plan d’action pour limiter les prises en charge sans consentement et développer les alternatives à ces pratiques. Il comprend 4 axes :

  1. mieux documenter les données quantitatives et qualitatives sur les soins sous contrainte ;
  2. identifier et diffuser les bonnes pratiques de prévention et de gestion de crise à même de réduire le recours à l’isolement ;
  3. faire connaître les mesures améliorant le respect des droits des patients ;
  4. créer d'un observatoire des droits des patients en psychiatrie et santé mentale.

Un observatoire des droits des usagers en santé mentale en région Paca

Piloté par l’association ASUD « Mars Say Yeah », cet observatoire vise à recueillir les attentes et les besoins pour améliorer l’accès aux dispositifs de soins des usagers et ex-usagers de substances psychoactives. Ce projet à l’ambition d’être une voie supplémentaire de résolution des questions posées par l’accès aux droits des patients dans un secteur où les problèmes de droit, de réglementation sont à l’origine de nombreuses difficultés de prise en charge. En savoir plus

Développer des campagnes de dé-stigmatisation

« La santé mentale c’est l’affaire de tous, la psychiatrie seule ne peut plus avoir le monopole de la réponse sociale. »

Les conseils locaux de santé mentale (CLSM), sont un outil contre la stigmatisation et les discriminations. Ils favorisent l’implication des élus et des parties prenantes qui peuvent apporter des réponses locales sur l’inclusion des citoyens vivant avec des problèmes de santé mentale

La semaine d’information en santé mentale

La semaine d’information en santé mentale permet de parler de santé mentale avec l’ensemble de la population. Elle permet de sensibiliser et de faire connaitre les actions menées sur le territoire et les structures qui peuvent apporter un soutien ou une information de proximité. Voir le site.

Un programme de formation aux premiers secours en santé mentale

L’objectif de ces formations sur 2 jours est de former les citoyens à accompagner les personnes en crise psychique. Développées au niveau national par l'INFIPP, organisme de formation professionnelle spécialiste de la santé mentale, Santé Mentale France et l’Unafam, ces formations sont accessibles à tous. Trouver une formation

Psycom, pour changer de regard sur la santé mentale

Le Psycom lutte contre la stigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques. Il met à disposition informations, outils, formations et accompagnement méthodologique en collaboration avec des personnes vivant avec des troubles psychiques. Le fait de changer le regard porté sur ces maladies permet d’agir positivement auprès des personnes concernées, en favorisant leur rétablissement et leur intégration. L’objectif est aussi de faciliter l’accès aux soins précoce, car le tabou persistant autour de ces maladies empêche parfois le recours aux aides. Ce travail répond aux grandes orientations de prévention et de promotion de la santé mentale, déclinées dans la loi de santé de 2016. Voir le site

La défense des droits des usagers

L’organisation du système de soin en psychiatrie porte parfois atteinte aux droits fondamentaux des personnes hospitalisées.

Le Centre collaborateur de l'organisation mondiale de la santé (CCOMS) pour la recherche et la formation en santé mentale en France, promeut le programme Quality Rights de l’OMS.

Chaque établissement peut utiliser une "boîte à outils" pour évaluer la qualité des droits.  Il propose une série d'actions pour améliorer les soins.

L’empowerment, un pilier de la lutte contre l’auto-stigmatisation

L’inégalité de traitement et la privation de certaines libertés entretiennent des représentations sociales négatives. Il est indispensable que les personnes concernées par cette discrimination incarnent et défendent elles-mêmes leur posture citoyenne.

Ainsi, les savoirs expérientiels des personnes concernées par un trouble psychique doivent être entendus, valorisés et pris en compte, pour mieux comprendre les problématiques de santé mentale.

Les travailleurs pairs et médiateurs de santé et le rétablissement

Le métier de médiateur de santé est exercé par les usagers de la psychiatrie depuis le début des années 1990 aux États-Unis. A Marseille des médiateurs travaillent au sein de l’équipe mobile psychiatrie-précarité  « MARSS », une unité fonctionnelle hospitalière qui dépend du pôle universitaire de psychiatrie de Marseille.

En 2007, il s’agissait de la première équipe de psychiatrie à avoir un Médiateur pair en France. Aujourd’hui il y plus d’une quinzaine de médiateurs pairs salariés à Marseille dans 7 différents dispositifs orientés rétablissement (logement, travail, réhabilitation, éducation thérapeutique, équipe de de crise, recherche).