Les plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux et changement climatique

Article
Travaux de remise en état de la prise d'eau à Saint-Jean-la-Rivière, ouvrage de tête du canal de la Vésubie (© ARS PACA)
Travaux de remise en état de la prise d'eau à Saint-Jean-la-Rivière, ouvrage de tête du canal de la Vésubie (© ARS PACA)

Les PGSSE sont un outil d’adaptation au changement climatique qui permettent de mettre en place des mesures de gestion préventives pour anticiper les conséquences de la raréfaction de la ressource en eau.

Les plans de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE) sont un outil pour garantir la sécurité sanitaire de l’eau potable distribuée.

À l’avenir, la disponibilité durable de l’eau de boisson sera remise en question si les systèmes d’approvisionnement ne s’adaptent pas à la variabilité et l’évolution rapide du climat. Le changement climatique modifie d’ores et déjà la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes (crues, inondations, sécheresses…), et il est susceptible d’affecter la quantité et la qualité des ressources en eau douce.

Dans ce contexte, la sécurité sanitaire et la sûreté de l’eau de boisson deviennent des enjeux majeurs, d’autant plus que la croissance démographique, l’urbanisation croissante et les besoins industriels exercent aussi des pressions. Pour limiter les risques, il est indispensable de renforcer la résilience des services d’approvisionnement en eau. Le PGSSE constitue une approche proactive d’évaluation et de gestion des risques pour garantir la sécurité sanitaire et la sûreté des approvisionnements en eau de boisson. La démarche, recouvrant toutes les étapes d’approvisionnement (de la ressource exploitée jusqu’au robinet des consommateurs), propose un véritable changement culturel dans le domaine de l’eau et repose sur un renforcement des compétences technico-administratives en privilégiant une approche anticipative plutôt que curative. Dès 2004, les PGSSE ont été introduits dans les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la qualité de l’eau de boisson. Les PGSSE préconisés par l’OMS s’appuient sur des méthodes d’analyse des dangers et de maîtrise des risques.. L’objectif est de respecter trois exigences fondamentales : la disponibilité, la qualité sanitaire et la qualité organoleptique [1] de l’eau délivrée à la population. Les PGSSE ont été introduits dans les réglementations européenne et française en octobre 2015.

Les PGSSE sont également des leviers d’action pour faire face aux changements climatiques à chaque étape de leur élaboration en intégrant les évènements climatiques passés et futurs. Les équipes chargées des PGSSE font appel à l’expertise des parties prenantes (hydrologie, climatologie…) pour mieux comprendre les impacts potentiels du changement climatique. En identifiant les dangers et en évaluant les risques, les équipes sont en mesure de planifier les actions d’amélioration. L’élaboration des procédures de gestion et des programmes de soutien à un niveau élargi permet de renforcer la capacité institutionnelle et individuelle des fournisseurs d’eau à gérer des risques liés à la pénurie et la fiabilité de l’eau, grâce notamment aux plans d’intervention d’urgence (en cas d’inondations ou de sécheresses).

À titre d’exemple, la régie Eau d’Azur (REA), alimentant en eau potable 49 communes et 550 000 habitants au sein de la métropole Nice Côte d’Azur, a initié un PGSSE en 2020 sur le périmètre de la commune de Nice.  Les installations du haut-pays ayant été très touchées par la tempête ALEX (Photo 1), la régie Eau d’Azur (REA) a été privée pendant plusieurs semaines de cette ressource en eau stratégique. Pour ne plus en dépendre, la REA a réfléchi dès 2015 à d’éventuelles solutions à mettre en place soit parce qu’elle ne serait plus disponible, soit parce que la qualité de la Vésubie ne la rendrait plus compatible avec son traitement. La tempête ALEX a permis de vérifier la pertinence des solutions mises en place et d’enrichir la réflexion et ainsi apporter certaines améliorations.

Les critères de fréquence et de gravité des événements météorologiques et climatiques font ressortir cette action comme prioritaire dans l’outil de cotation permettant d’identifier et d’évaluer les menaces et les risques associés dans le cadre de l’élaboration du PGSSE. Plusieurs axes de travail sont actuellement en cours : (i) une étude pour améliorer la connaissance du bassin versant de la Vésubie et l’identification des risques (naturels et technologiques), (ii) une augmentation de la surveillance des ressources (débit et qualité) et (iii) une définition des scénarios de crise et les réponses à apporter (orientations et investissements…) dans un contexte de changement climatique.

 

[1]  Tout ce qui est susceptible d'exciter un récepteur sensoriel (Futura santé).